La Journée Technique 2017 a eu lieu le 7 décembre 2017 à Roubaix.
L’ACIT remercie l’ensemble des conférenciers pour la qualité de leurs interventions, ainsi que tous les personnes présentes, qui ont participé au succès de cette journée.
Compte-rendu résumé des interventions du matin par Jean-Pierre Gallet
Francis Martin, Président de l’ACIT, ouvre cette journée technique 2017 à l’ENSAIT de Roubaix.
Il souhaite la bienvenue aux personnes présentes, ainsi qu’aux conférenciers, et dresse un portrait de l’ACIT aujourd’hui.
Il insiste sur le rajeunissement de notre association et présente, à cet égard, le Power Point projeté à tous les élèves ingénieurs en 2ième année d’études des écoles françaises (ENSAIT, ITECH, ENSISA, HEI) et disponible sur notre site Internet.
Il indique qu’en 2020, l’IFATCC (International Federation of Associations of Textile Chemists and Colourists) organisera son congrès mondial ici-même, l’ACIT en étant la cheville ouvrière.
Il explique enfin les raisons ayant conduit au thème de cette journée et souhaite à tous de bien profiter des conférences.
Chairman du matin. : Jean-Pierre Gallet
1ière conférence : Gauthier Bedek, chargé de projets UP-TEX
« Le matériau textile, un matériau multifonctionnel pour de nouveaux usages »
Cette conférence d’ouverture veut démontrer la diversification aboutie des textiles à travers leur fonctionnalité les rendant aptes à de nouveaux usages à forte valeur ajoutée Up-Tex est le pôle de compétitivité des textiles techniques du Nord de la France.
L’orateur a, au sein d’Up-Tex, pour mission de rechercher, rassembler et fédérer des acteurs diversifiés (industriels, start up, universitaires, …) pour monter des projets d’innovation en commun, et les accompagner dans leur suivi scientifique et technique ainsi que leur financement (animation, conseil, veille, …).
Les textiles techniques se développent dans tous les domaines et deviennent multifonctionnels.
Le conférencier a présenté quelques-uns des projets particulièrement réussis grâce à des montages labellisés Up-Tex.
Il s’agit de :
- Clarifil (textiles filtrants pour clarification du vin et de la bière),
- Hopla-3D (procédé écologique de plasma basse pression pour traitement fonctionnel de textiles),
- Textiles auto-rafraîchissants,
- Intégration d’électronique dans les textiles,
- Mesotex (intégration de particules mésoporeuses pour capter les odeurs),
- Phototex (application photonique sur textiles souples).
L’appel est lancé pour étudier tout autre projet collaboratif d’innovation.
2ième conférence : Philippe Vroman, enseignant-chercheur GEMTEX-ENSAIT
« Innover par le bio-mimétisme »
Le GEMTEX (Laboratoire de génie des Matériaux textiles), est un laboratoire de recherche installé au sein de l’ENSAIT.
Philippe Vroman est un spécialiste du bio-mimétisme appliqué au matériau textile.
Il a d’abord défini le bio-mimétisme, donné quelques exemples, puis exposé les axes de recherche actuels de son laboratoire en la matière.
Le bio-mimétisme consiste à observer et s’inspirer de phénomènes naturels exceptionnels, d’ordre physicochimique, mécanique, électrique, optique, … pour les appliquer à la matière et obtenir des effets nouveaux.
Quelques exemples antérieurs dans le textile : le VELCRO a été inspiré par la bardane dont les micro-crochets permettent une fermeture collante et réversible.
La toile d’araignée est composée de fils de soie bien plus solides que l’acier à diamètre égal, et tissée de façon à être très résistante. Elle a servi de modèle pour concevoir de nouveaux gilets pare-balles.
Sont évoqués aussi les tenues de plongée inspirées de la peau de requin, ou les surfaces hydrophobes inspirées de la feuille de lotus.
Actuellement, le laboratoire travaille sur d’autres matériaux textiles bioinspirés, avec deux thèmes principaux : la bioluminescence et le « biohygromorphisme » (modification de forme en fonction de l’humidité, sur le modèle de la pomme de pin).
En conclusion, la Nature n’a pas fini de nous inspirer, à condition d’être perspicace. Elle est tout à fait susceptible d’apporter de la valeur ajoutée. De plus, l’environnement a toute chance d’être préservé lors des innovations qui en résultent, car celles-ci sont inspirées par Dame Nature.
3ième conférence : Christophe Maestripieri, Archroma Brand et Marketing Europe
« One way : comment transformer ses promesses écologiques en actions »
L’écologie peut-elle être considérée comme valeur ajoutée ?
Nous vivons un changement environnemental majeur, exigeant d’autres comportements. Une forte pression écologique s’exerce sur la chimie. Pour autant doit-on croire que les grands chimistes sont les plus pollueurs ?
Nous avons fait des promesses de développement durable : One Way a deux objectifs :
- En terme d’écologie et d’environnement,
- Mais aussi en regard de l’économie et de l’efficacité.
Il en résulte une amélioration en trois étapes :
- Sélection des produits selon des éco-standards reconnus,
- Short List de process « environment friend »,
- Sélection finale intégrant les rapports coûts/bénéfices environnementaux.
Le process « Bluemagic » est alors exposé, montrant combien One Way permet l’apport de valeur ajoutée aux articles de nos clients.
En conclusion, il est montré d’autre part, combien, en plus de l’intérêt de One Way, le fait de tenir compte de toute la chaîne de production est un élément clé de la réussite de valeur ajoutée.
Le conférencier termine avec l’exemple de jeans « Ultmate Denim-Eco Advanced Denim » : meilleures performances, plus écologiques, palette de couleurs élargie, valeur ajoutée.
Sachant que 3,5 milliards de jeans sont produits chaque année, on mesure l’impact économique conjugué à celui écologique.
Innovation, écologie et valeur ajoutée sont donc parfaitement compatibles, à condition de les aborder globalement.
4ième conférence : Eric Neri, Directeur Général Maille Verte des Vosges
» Du textile traditionnel vers le textile technique »
La Société « Maille Verte des Vosges », fleuron de textile traditionnel autrefois, a subi le déclin jusqu’à déposer son bilan il y a quelques années.
Eric Neri, notre conférencier, ancien cadre, l’a reprise, avec le projet de développer le savoir-faire traditionnel en tricotage de l’entreprise, vers de nouvelles applications débouchant sur de nouveaux marchés (le secteur équipement automobile en est actuellement le principal).
Le conférencier a exposé en détails tous les stades de ce redéploiement, avec tous les verrous à faire sauter à chaque fois, jusqu’à arriver au résultat visé.
Il indiqua ainsi :
- les nouveaux cahiers des charges,
- les nouvelles garanties sur la qualité et leur management,
- le référentiel normé,
- l’engagement sur les délais,
- l’investissement matériel,
- l’investissement en ressources humaines (polyvalence nécessaire,
- l’engagement sur la santé de l’homme et l’environnement,
- les difficultés de reproductibilité de production d’un échantillon initialement fourni pour obtenir le marché,
- le suivi de la rentabilité, les financements,
- la nouvelle communication, le marketing, …
En conclusion, la transition du textile traditionnel vers le textile est un facteur de valeur ajoutée certaine.
Cependant, ce n’est pas un long fleuve tranquille, et le chef d’entreprise d’une PME (36 salariés chez MVV), a eu à prendre d’innombrables initiatives. Chaque étape du changement réclame une attention toute particulière. Mais le résultat est là : Maille Verte des Vosges revit et va bien.
Compte rendu résumé des interventions de l’après-midi
Par les étudiants de licence pro T-IN (textiles innovants) : Deaucourt Camille, Dall’Ara Héloïse, Choloux Baptiste, Partida Salinas Valeria
« Dispositifs médicaux implantables haute couture »
Intervenant : François Henin, Directeur Général chez Cousin Biotech
Cousin Biotech est issu d’une entreprise familiale créée en 1848. Cousin Biotech conçoit, fabrique et commercialise des dispositifs médicaux, implantables à base de matières souples et textiles produits innovants, destinés à la chirurgie viscérale, uro-gynécologique de l’obésité ou du rachis. Il est un acteur incontournable en chirurgie viscérale.
Son expertise textile, qualité et capacité d’innovation sont des points forts reconnus par le marché. Son savoir-faire manuel est au service de solutions pertinentes, efficaces et hyper qualitatives répondants aux besoins médicaux.
Il compte avec :
- 100 collaborateurs,
- un chiffre d’affaires de 16 millions d’euros dont 70% à l’export,
- 1300m2 de salle blanche,
- 30 brevets actifs,
- 377 références actives en production.
Le but de cette intervention est de présenter les nouvelles perspectives de l’utilisation du textile chez Cousin Biotech. Cette présentation s’est faite en 5 points :
- le textile et le métal (NAJA, Rescube) avec comme exemple le métal dans le rachis utilisés dans le traitement de la scoliose,
- le textile et la fonctionnalisation médicale avec la plaque pour hernie à libération locale et prolongée d’antalgique. Pour la fonctionnalisation médicale, Cousin Biotech travaille avec la cyclodextrine qui permet la libération des antalgiques durant 4 jours,
- l’implant connecté avec dans le futur des données qui seront instantanément transmises au patient, au chirurgien ou au personnel soignant,
- la facilitation technologique avec un outil pour le chirurgien appelé ancillaire à usage unique. Ce dispositif pour tordre les ligaments est formé d’un outillage en métal utilisé pendant la chirurgie. Il facilite la tâche du chirurgien, pour réduire les temps opératoires, avoir une bonne réparation du ligaments croisés, et pour régler la taille de la boucle pendant l’opération,
- le textile face à la nouvelle réglementation et les nouvelles technologies avec le sourcing de matières premières, les produits teints masse, le nettoyage du textile par le désensimage.
« Augmenter les textiles par l’intégration électronique »
Intervenant : Claire Elliot, spécialiste e-textile au Centre de Recherche Interdisciplinaire (CRI) de Paris
Avec cette conférence, nous avons eu l’occasion de jeter un coup d’oeil sur les innovations réalisées dans le textile, où une relation entre les textiles et les matériaux électroniques est atteinte.
Les textiles électroniques (Smart Textiles) sont des matériaux souples qui embarquent un système électronique.
Le CRI effectue des recherches dans plusieurs domaines :
- Fashion et digital Design,
- Art numérique : mécatronique,
- E-textile : captation (lié, intégré), le but est que le tissu devienne le capteur : programmation, électronique, design et interaction UX design sont donc nécessaires,
- Design Génératif : modifier la forme du vêtement.
Matières souples et programmables, mode et design industriel sont les mots qui définissent le travail de cette créatrice. La mission de ce type de textiles est une nouvelles instrumentation, une nouvelle forme de mode avec un design pour changer l’apparence du vêtement.
- Croiser la mode et les outils digitaux :
- Cartes – micro contrôleurs basics avec des fils conducteurs d’argent à coudre,
- Un circuit flexible en utilisant la broderie pour l’intégration d’un circuit raide dans la matière souple,
- Conception du projet hardware,
- Consommables, encres, textiles avances.
- Mettre de l’électronique dans les textiles pour leur apporter de nouvelles fonctionnalités et créer des produits techniques :
- Solar Bomber : Panneau solaire flexible avec capteurs de lumière et leds. Le vêtement devient un capteur, un objet connecté capable par exemple de transmettre des données, de produire de la lumière,
- Shift dress : Pour changer la couleur du vêtement, équipé avec Bluetooth, leds et sensors,
- Reactive shirt : Chemise avec microphone et leds pour avoir une visualisation du son, selon la fréquence sonore,
- Revolving light : Prêt à porter, vêtements interactifs pour la piste de danse,
- 2D felt pen printer : Motif d’impression digital sur un textile.
Les projets de recherche ont un focus sur l’intégration électronique pour utiliser les propriétés des matériaux pour concevoir les capteurs, résultant en un apprentissage continu.
Toutes les recherches font naître de nouvelles problématiques liées aux ressources énergétiques, à la lavabilité, la finesse, la transparence et la portabilité des articles. Mais ces nouveaux textiles nous permettent d’être plus proches du vivant.
Innovation Start-up : évolution des procédés, nouvelles technologies, table ronde et discussion
« Le textile et l’impression 3D au coeur de la reconstruction mammaire »
Intervenant : Marion Gradwohl, ingénieur chez Lattice Medical
Cette start-up créée en 2017, propose une bioprothèse MATISSE pour la reconstruction mammaire. Elle utilise des matériaux bio résorbables, l’impression 3D (coque) et un socle en 2D (dentelle). Ces prothèses sont donc personnalisables en fonction de la morphologie des patients. Elles présentent une alternative avec un prix de revient inférieur aux prothèses en silicone.
L’objectif est de proposer ce produit et de le commercialiser à l’horizon 2030.
« Des colorants renouvelables et de haute performance par biotechnologie »
Intervenant : Guillaume Boissonnat, Ingénieur dans la chimie chez Pili
Proposer des colorants naturels bio-sourcés, tel est le but de cette start-up. Pour cela, elle fait fermenter des sucres à l’aide de microorganismes tels que des bactéries et levures. Le but est de créer des colorants naturels à haute performance face aux colorants plus conventionnels, composés de produits chimiques mais aussi de pétrole.
La synthèse biologique engendre une consommation d’eau divisée par 5 et aucune utilisation d’huiles ou de produits chimiques nocifs pour la santé et l’environnement.
Plusieurs teintes de colorants peuvent être obtenues, ces produits remplaceraient les colorants habituellement utilisés dans le secteur textile.
Le résultat est des textiles avec la même résistance au lavage et une bonne performance des tenues. Une tenue lumière 3/8 et une tenue lavage 4/5 selon l’AATCC Standard. D’ailleurs, ses sources d’obtention provenant de biomasse de résidus alimentaires, donnent un caractère écoresponsable au projet.
« Conception de molécules fonctionnelles innovantes et applications »
Intervenant : Alexis Depauw, Ingénieur chez Crime Science Technology (CST)
Depuis 2011, CST crée des molécules aux propriétés optiques inédites comme par exemple des changements de couleurs en fonction de l’angle d’observation, de l’environnement ou de la lumière ambiante.
Il y a aussi des travaux sur des matières incolores fluorescentes, utilisées comme signatures spectrales uniquement visibles en laboratoire dans le but d’identifier les personnes, sécuriser les documents et titres fiduciaires. La technologie révolutionnaire de révélation des empreintes digitales, « le Lumicyano » une molécule fluorescente la plus légère du monde. Appliquant cette molécule dans les procédés industriels simples d’extrusion, injection, filage plastique, …
Ces technologies dont fait partie la technologie OVM, sont utilisées dans la Police, la Gendarmerie, le FBI et la Scotland Yard par exemple.
Avec le GEMTEX, un projet va se mettre en place pour des textiles à changement de teinte.