Identification des fibres textiles avant ennoblissement

Par Aziz Lallam – Abdelaziz.lallam@uha.fr

Introduction

Dans l’article précédent (1), paru dans la Newsletter de l’ACIT, nous avons décrit le protocole expérimental d’identification de la nature des fibres par la méthode de l’analyse de la flamme. Cette méthode est relativement simple dans son application mais conduit, parfois, à des impasses ne permettant pas l’identification précise de l’échantillon examiné. Dans ce cas, l’opérateur aura recours à une méthode chimique plus ou moins compliquée mais plus précise au point de vue résultats. Cependant, certains traitements chimiques, du type réticulation, fonctionnalisation ou tout autre modification réalisée sur la surface des tissus rendent insolubles et infusibles les éprouvettes concernées, par conséquent, il ne sera plus possible de les identifier par la voie chimique. D’autres techniques plus avancées, IFTR, RMN, DRX etc. peuvent être utilisées pour l’identification de ce type de fibres. Ces techniques ne sont pas disponibles chez les ennoblisseurs. Si besoin est, l’ennoblisseur peut s’adresser à des laboratoires équipés de ces techniques.

Dans cette article, nous allons décrire le protocole expérimental qui fait appel à la méthode chimique d’identification des fibres.

Identification aux solvants : Le test consiste à réaliser des solubilisations sélectives des échantillons dans des solvants adéquats. Un solvant sélectif solubilise uniquement une seule classe de fibres sans la dégrader. Par exemple, la cupri-éthylène diamine solubilise le coton mais pas la laine. L’hydroxyde de potassium solubilise la laine mais pas le coton et ainsi de suite.

Dans la suite de cet article, nous présentons quelques exemples d’analyse plus ou moins complet pour l’identification les fibres classiques n’ayant pas subi de traitements chimiques spécifiques.

  1. Acétates et triacétate

Ces deux fibres sont solubles sous agitation dans l’acide acétique glacial à 20°C. L’acétate se différencie du triacétate par solubilisation dans un mélange de 70 % acétone et 30 % eau alors que le triacétate est soluble dans le CH2Cl2 mais pas l’acétate.

Les deux fibres sont solubles dans l’hypochlorite de sodium à froid et dans l’hydroxyde de potassium à 4 %. La soie est soluble dans l’acide chlorhydrique mais pas la laine.

Les fibres cellulosiques sont toutes solubles à température ambiante dans la cupriéthylène diamine. Le coton se distingues des autres fibres cellulosiques régénérées par microscopie optique.

L’acide acétique à ébullition solubilise tous les polyamides. Le N,N-diméthylformide à ébullition solubilise le PA6 et le PA11 mais pas le PA6.6. L’orthodichlorobenzène à chaud solubilise le PA11 (Rilasan) mais pas le PA6.

Les PVC purs sont solubles dans le dioxane à ébullition et exempt de peroxyde car les peroxydes sont explosifs à chaud. Le chlorure de méthylène bouillant solubilise aussi le PVC

Les polyoléfines sont solubles dans du toluène bouillant. A l’état pur les polyoléfines sont moins dense que l’eau donc peuvent être identifiées par flottaison.

L’acide formique à ébullition solubilise les élasthanes et les vynilals, le cyclohexane solubilise uniquement les élasthanes

Le nirtobenzène à ébullition solubilise le polyester

Le N, N-dimithylformamide porté à l’ébullition solubilise les fibres acryliques.

Certaines fibres, carbone, PTFE, verre et métalliques ne sont pas identifiables par la méthode chimique, leur identification nécessitera l’emploi de techniques plus sophistiquées et plus onéreuses.

  1. Mélanges de fibres

Le mode opératoire pour la détermination de la composition d’un mélange fibreux suit le même protocole expérimental que celui des fibres non mélangées en prenant soin de séparer les fibres les unes des autres physiquement. Si le mélange est intime, il faut faire un squelette. Prenons par exemple un mélange polyester –coton, la méthode d’identification consistera alors à éliminer d’abord la fibre de coton par la cupriéthylène diamine qui est le test sélectif de présence du coton et ensuite traiter le reste de l’éprouvette par solubilisation dans le nitrobenzène.

Conclusion

Il est possible d’identifier la plupart des fibres textiles pour un coût peu onéreux quel que soit leur origine en combinant les deux méthodes d’analyse décrites précédemment. Toutefois, il peut subsister certains cas où l’identification d’échantillons textiles par ces méthodes est impossible en raison des traitements physico-chimiques que les tissus ont pu subir notamment des traitements de réticulation.

Cependant, il fortement recommandé de lire les fiches techniques des solvants que l’on utilise pour effectuer les analyses car certains ne sont autorisés sauf dans des cas spéciaux comme les solvants chlorés par exemple.

Références

  1. Le guide de l’ennoblisseur n°1
  2. Commission technique du syndicat Français des textiles artificiels et synthétiques
  3. Cours d’ennoblissement-ENSISA, A. Lallam
  4. The dyeing of textile materials –José Cegara, Publio Puente and José Valldeperas-Comett Eurotex