Résumé de la matinée
Modérateur : Aziz Lallam
La Journée Technique de l’ACIT, la 81ième, tenue le 9 décembre 2021 à l’ITECH, Ecully, a permis la rencontre de la communauté scientifique avec les divers acteurs de la filière textile et les consommateurs. Cette journée a été perçue par l’ensemble des participants comme étant une formidable opportunité d’échanges et d’enrichissement.
La journée s’est déroulée en deux étapes, chacune traitait d’une thématique spécifique.
La séance de la matinée, animée par Aziz Lallam, portait sur les enjeux sanitaires, environnementaux et réglementaires.
Après les discours d’introduction de MM. Jérôme MARCILLOUX, Directeur de l’ITECH et de Francis MARTIN, Président de l’ACIT, la conférence a démarré avec une première présentation en visio-conférence qui s’en suivie par cinq autres en présentiel.
Première thématique : Protection sanitaire antivirale
Première conférence : Loïc MARCHIN, PDG de Pylote
Dans une conférence intitulée ‘’Bénéfices de la technologie antibactériennes de Pylote dans le textile et dans d’autres applications’’, Monsieur MARCHIN a présenté son établissement et ses compétences dans le domaine de la lutte antibactériennes par modification des surfaces sur lesquelles bactéries et virus peuvent se développer. Dans son exposé, Monsieur MARCHIN a cité l’exemple de la lutte contre le virus du SARS-COV-2.
Monsieur MARCHIN a articulé sa présentation autour des points suivants :
- Contexte de la transmission des micro-organismes
- Désinfection ou surfaces antimicrobiennes
- Critères de choix telles que l’efficacité, la robustesse et la sécurité. Ces critères ont été développés un à un tout au long de la présentation.
Les solutions de Pylote en tant que réponses aux critères de choix résident dans l’emploi d’une technologie dite minérale et réside dans un système de traitement chimique de surface qualifié de mécanisme rémanent. Les applications potentielles de l’expérience de Pylote se situent dans les domaines industriels, textiles et l’activation chimique.
Deuxième conférence : Raymond JACCOBS, Responsable Marketing Europe Sanitized
Dans la même thématique et dans le même ordre d’idée, Monsieur Raymond JACCOBS a présentéune conférence intitulée ‘’Critères de choix pour une protection anti viral’’. Dans son exposé, il s’est focalisé sur le masque facial en tissu pour la protection contre les virus et les bactéries nuisibles à la santé des humains. Il a défini un protocole expérimental consistant à préparer des éprouvettes par traitements avec des nanoparticules d’argent, virucides et bactéricides. Il a défini les conditions d’utilisation des masques traités et a mesuré leur efficacité en fonction de la durée de port du masque et de la fréquence des lavages.
Deuxième thématiques : Enjeux environnementaux
Dans cette thématique, quatre conférences ont été données portant sur les défis présents et futures à relever, sur l’évolution de la réglementation en matière d’utilisation de produits chimiques, sur le recyclage des matériaux textiles arrivés en fin de vie et sur les systèmes de certification.
Première conférence : Alice MICHAELIS, Technical Service Manager, Synthomer
Conférence intitulée « Relever le défi du formaldéhyde »
Madame MICHAELIS, s’est fixée comme objectif d’étudier les problèmes liés à l’utilisation du formaldéhyde dans le textile et ses conséquences sur la santé. Après une présentation succincte de l’entreprise Synthomer, Madame MICHAELIS a développé avec clarté et détails les points suivants :
- Formaldéhyde et considérations réglementaires
- Technologie conventionnelle d’auto-réticulation et analyse du formaldéhyde
- Étude de cas-1 : Technologie de réticulation sans formaldéhyde pour les feutres de toitures en Polyester
- Étude de cas-2 : Technologie de réticulation sans formaldéhyde pour les revêtements muraux en fibre de verre.
Deuxième conférence : Pierre BOUCHARD, Responsable Etudes et Recherche, INERIS
La présentation de Monsieur BOUCHARD porte sur la réglementation REACH & PFAS intitulée ‘’ Enjeux Réglementaires Actuels et Conséquences’’. Après une présentation plus ou moins détaillée d’INERIS en qualité d’expert public pour la maîtrise des risques industriels et environnementaux et de son rôle important dans la contribution à la prévention des risques que les activités économiques font peser sur la santé, la sécurité des personnes et des bien et sur l’environnement, Monsieur BOUCHARS a introduit la notion des substances chimiques per-fluorées. Il a montré leurs intérêts dans l’industrie de manière générale et surtout leur danger sur la santé de leurs utilisateurs. Il a traité la question des PFAS et il a justifié la raison pour laquelle on doit s’y intéresser sérieusement. Ensuite, il s’est intéressé à l’évolution de la réglementation vis-à-vis de cette famille de substances chimiques. La présentation de Monsieur BOUCHARD fournit un excellent aiguillage en matière de réglementation REACH.
Troisième conférence : Christophe MAESTRIPIERI, Responsable Brand Studio, Archroma
La présentation de Monsieur MAESTRIPIERI fait suite à celle de Monsieur BOUCHARD et porte sur les substances chimiques alternatives aux PFAS pour les traitements de textiles déperlants. Après une brève présentation de son entreprise, née en 1886 sous le nom de Sandoz, devenue Archroma depuis 2013, Monsieur MAESTRIPIERI s’est intéressé aux possibilités de substitutions des produits per-fluorés dans les applications textiles.
L’alternatif est donc possible selon le concept d’Archroma qui est un mécanisme de finition hydrofuge sans PFC appelé SMARTREPEL HYDRO. Ce concept vise l’obtention de matériaux textiles ayant des propriétés de surface équivalentes aux surfaces traitées par les PFC mais une respectueuse de la nature qui maintient au sec les textiles en coton, en PET et en PA. C’est une technologie remarquable qui offre une hydrofugation durable sans PFC et sans altération des propriétés des textiles.
Quatrième conférence : Vincent DURET, Responsable BU Textile, ECOCERT
C’était la dernière conférence de la matinée, scindée en deux parties ; l’une portait sur des aspects importants liés aux développements industriels et à l’accroissement des déchets de post consommation et l’autre sur la certification GRS (Global Recycling System). Dans la première partie de l’exposé, l’auteur a fait un état des lieux concernant la production de matières textiles et les déchets générés après usages en donnant des exemples concrets sur la situation. Par exemple, la production mondiale de fibres textiles en 2020 a atteint 109 millions de tonnes, ce qui représente un défi de taille lorsqu’il s’agit de gérer les déchets générés par la suite. Les statistiques montrent qu’en France, par exemple, on consomme 30 kg de textile par personne et par an alors que seul 30 % de ces textiles sont réellement utilisés. En 2020, le niveau de recyclage des fibres textiles après usage a atteint à peine 8% de la masse totale de la production textile et moins de 0.5% d’articles proviennent du recyclage des textiles. Dans la seconde partie de l’exposé, l’auteur décrit les démarches nécessaires, pour la certification GRS. Les critères pour l’établissement de la certification retenus peuvent être résumés en trois points :
- Composition de fibres recyclées ou matières d’origine recyclée
- Traçabilité des produits à base de fibres ou matières d’origine recyclée
- Respect des critères sociaux et environnementaux
L’établissement de ces critères s’appuie sur trois notions :
- Les chaînes d’approvisionnement
- La production des matières
- Les normes de revendication des contenus.
Résumé des conférences de l’après midi
13H45 : MADE IN France/ la mode sociale et solidaire (Charlotte Leclerc et Anna Morton, « Les Cousalis »)
Il s’agit d’un atelier de sous-traitance en confection basé à Liévin (Hauts de France), agréé « Entreprise d’insertion », et sous la forme d’une SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif)
Son démarrage est imminent (Janvier 2022) et a pour buts : Créer des emplois en France, éco-concevoir les produits, dégager des bénéfices, et les réinvestir à 100% dans la Société
Un premier client (Société 1083.fr) a commandé des jeans et sweets « fabriqués ainsi à moins de 1083 km de chaque française »
Le « business plan » jusqu’en 2024 prévoit l’équilibre financier atteint dès la première année
3000 pièces/mois, 300 000 Euros d’investissement de démarrage, 27 emplois à créer)
14H15 : MADE IN France : Les enjeux de la ré-industrialisation textile sur le territoire (Olivier Balas, Président d’UNITEX)
Une répartition des établissements textile de la région AURA est tout d’abord présentée par Olivier Balas ; elle montre une densité importante d’établissements sur l’ensemble de la Région
Les spécificités de la Région AURA :
– 1ère région industrielle de France
– Activités très diversifiées et tournées vers l’export
– Points forts : nombreuses activités de pointe dont le Textile
– 82% des dépenses de R&D assurés par l’industrie
Les chiffres- clés du Textile en AURA :
– 1ère région Textile de France
-584 Entreprises
-17330 emplois
– 3,4 Milliards de CA
– 2,45 Milliards d’export
Les enjeux de la ré-industrialisation en AURA :
- Capacité à offrir aux entreprises une main d’œuvre formée à haut niveau et motivée
- Capacité des entreprises à développer un modèle productif compétitif grâce au numérique
- Capacité des entreprises à réduire leur impact environnemental
- Capacité des entreprises à proposer une offre de solutions globales adaptée à l’évolution de leurs clients
Olivier Balas indique qu’il faut parler de ré-industrialisation et non de relocalisation (Bien peu de ce qui est parti reviendra…)
14H45 : MADE IN France : Le lin, une excellence européenne dans un marché mondial (Julie Venard /CELC : Centre européen Lin et Chanvre)
Le CELC est l’unique organisation européenne fédérant tous les stades de production et de transformation du lin et du chanvre
Les chiffres clés de la filière :
- 10 étapes sont nécessaires de la plante au tissu en lin
- 58% des surfaces mondiales de lin sont en Europe, dont 82% en France et pays voisins
- 75% de la production de fibres longues en EURPE
- +133% de production de fibres en 10 ans (2010-2020 : « décennie du lin »)
- En France : + 10 lignes de teillage (200 emplois créés), 3 filatures crées (70 emplois créés)
- Une dynamique de ré-industrialisation massive en France, avec un travail en réseau et des investissements
Le lin est devenu une fibre désirable en phases avec les nouvelles exigences
60% des consommateurs se disent prêts à payer plus cher un produit à base de lin européen certifié
Exemple « EUROPEAN FLAX : le passeport fibre de lin européenne premium, avec l’ACV de la fibre teillée par la méthode PEF ».
Le CELC est en partenariat avec le Palais GALLIERA (Paris) pour 3 ans.
15H15 : MADE IN France : Les nouveaux matériaux biosourcés autour du lin et du chanvre (Pierre Schmitt/VELCOREX Matières Françaises)
Pierre SCHMITT travaille à de nouveaux développements de ses entreprises vers la production de nouveaux matériaux composites, remplaçant les renforts habituels (fibre de verre et fibres issues du pétrole) par des fibres naturelles de lin et chanvre.
16H : ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX : Ensemble pour un océan propre (Michel Chepta/SEAQUAL)
L’idée initiale de la société SEAQUAL est de récupérer les matériaux plastiques rejetés en mer pour des seconds usages, et ainsi de dépolluer les eaux maritimes
Chiffres-clés :
- L’humanité a créé 8,3 Billions de tonnes de plastiques à ce jour
- 4,3 Billions de tonnes sont éparpillés dans l’environnement
- Chaque année, 12 Millions de tonnes de plastiques sont enfouis dans les océans (5% près des côtes, 95% au fond)
- Cette année, nous prévoyons d’en recycler 400 tonnes, en plastique vierge
Quelle est notre approche ?
Elle est double :
- Créer une plateforme globale pour des solutions locales (Glocal approach)
- Valoriser un déchet sur un territoire avec des communautés locales
Les process utilisés comportent les phases de : récupération, tri, lavage, et recyclage
Nous travaillons avec des marques et des entreprises pour réaliser des objets en plastique marin recyclés
Un seul traceur d’identification est utilisé : « SEAQUAL LAB »
1350 marques et transformateurs industriels de 60 pays ont rejoint aujourd’hui notre initiative avec notre label (IKEA, SHELL, LACOSTE, LA REDOUTE, NESPRESSO, L’OREAL,SEAT, BOSS ……°
Nous fournissons une licence exclusive à chacun (incluant les fils textiles), et accessible on line :
www.seaqual.org
16H30 : Relocalisation en France et production éco-responsable (Basile Ricquier/3D-TEX)
Contexte du marché de l’habillement francais :
- 150 millions de tricots vendus par an
- 29 milliards de CA
- 75% des Français prêts à payer plus cher pour acheter français
- Dans les faits, ces marchés s’approvisionnant majoritairement en Asie, correspondent à des besoins non satisfaits :
- – augmentation des démarques
- Recherche de marges
- Productions lointaines
- Résiduel de stock
- Baisse de fréquentation des enseignes
En produisant au plus près du client, la technologie de tricotage 3D de 3D-TEX remédie à tous ces inconvénients
Elle s’appuie sur le couplage machine à tricoter /digitalisation de toute la chaine de la conception, à la fabrication et à la distribution (« jumeaux numériques » modifiant en temps réel les paramètres liés à la demande)
L’outil de digitalisation est couplé à la machine à tricoter et les coutures ont disparu, ainsi que les pertes de matière divisées par 10
Les temps de développement sont divisés par4, et les coûts de modèle par2,5
RESULTAT : 0 couture, 0 déchet, 0 défaut
En résumé :
Démarche responsable
Respect plus strict des normes
Approvisionnement local
Traçabilité des matières premières
Engagement environnemental
Né en 2020, le projet cible en 2025 : 30 machines 3D, et 300000 pièces par an
3D-TEX, le textile du futur !
Autres applications visées : tricots techniques pour transports, médical et sport
Lien page avec les présentations pour les participants à la JT